jeudi 24 décembre 2015

Comme promis, voici déjà un avant-goût du PACTE II - Au-delà du secret, dont la sortie est prévue pour LE 15 JANVIER 2016 !!

JOYEUX NOËL A TOUS!!!!




1
Immobilité







Vendredi 9 juillet







00h03,
Les Haies, Plélan-le-Grand, Bretagne, France

Le choc provoqué par la déflagration lui occasionnait des bourdonnements d’oreilles. Ses yeux lui piquaient et semblaient englués dans un liquide collant.
Probablement du sang.
Son cœur s’emballa lorsque deux mains vigoureuses s’enfoncèrent dans ses épaules et le secouèrent avec vigueur. Une voix lointaine résonna. Semblait l’appeler. Comme familière…
Ce n’est qu’au moment où ses paupières se soulevèrent, qu’il le distingua dans la pénombre.
- Gall ! Gall ! hurlait Gauvain, le visage horrifié. Tu vas bien ? Rien de cassé ?
Totalement désorienté, allongé sur le gravier, Galaan revenait progressivement à la réalité quand soudain, une terreur sourde le frappa de plein fouet.
Gen !
- Gen… souffla-t-il, baignant dans l’angoisse absolue et complètement déboussolé. Gen ! répétait-il inlassablement en cherchant à se relever, en proie à une panique sans précédent.
- Elle est là-bas. Julie est près d’elle. Vas-y doucement. Tu as mal quelque part ? Tu es blessé ?
- Il faut que je la voie… Il faut que je la voie ! finit-il par crier en effectuant quelques pas chancelants.

***
Se redressant à son tour, Guillaume observa la scène de loin. Il n’avait pas imaginé qu’un tel impact soit possible, qu’une telle déflagration se produise. Il considéra le gîte, du moins, ce qu’il en restait, soit à peine un mur dressé, vacillant, prêt à s’effondrer à tout moment. Le corps de logis avait été également touché, mais les dégâts ne semblaient pas aussi considérables que l’aile adjacente, dont il ne subsistait quasiment plus rien.
C’est au moment où il retrouva son équilibre précaire qu’il les aperçut.
- Bordel ! Mais qu’est-ce qu’ils foutent là, ces connards ?
Une rage sournoise s’empara de lui. Il cogna de toutes ses forces sur le tronc de l’arbre derrière lequel il s’était réfugié, et rugit les mâchoires et les poings serrés.
- Bordel de merde !
Son plan venait d’échouer…
En tout cas, ce qui concernait la tâche à laquelle Morgane l’avait assigné. Parce qu’à voir le corps de la jeune femme étalé sur le sol et les cris de désespoir de l’autre abruti de service, il pouvait ressentir une vague de chaleur sombre, lui envahir les veines.
Il observa la scène encore quelques secondes, se délecta de ce spectacle ô combien jouissif et retourna vers sa voiture. Il fallait absolument qu’il décampe de là !

***
- Oh, mon Dieu, Jul, dis-moi qu’elle est vivante ! la supplia-t-il horrifié en tombant à genoux à côté de son amante gisant au beau milieu des décombres.
- Elle est grièvement blessée. Il faut la conduire immédiatement chez Tante Vie.
- Non ! Appelez une ambulance ! s’insurgea-t-il en se penchant vers Gen totalement inconsciente, dégageant de ses doigts fébriles et tremblants les mèches de cheveux collées à son visage ensanglanté.
Très vite, il jaugea son corps et établit un premier constat. Couchée sur le dos, elle présentait de multiples plaies ouvertes sanguinolentes ainsi que de nombreuses brûlures qu’il pouvait distinguer à travers ses vêtements déchirés.
- Mon Dieu, mon amour, émit-il en contemplant l’étendue du désastre, s’inclinant encore vers son visage pour l’envelopper de ses mains. Non… Non !
- Il n’y a plus une minute à perdre, ordonna Gauvain, agité. On la conduit chez Tante Vie !
- Gauv… Elle est salement amochée, lui fit remarquer son cousin en relevant vers lui un regard chargé de détresse.
- Justement ! Et l'on a intérêt à se magner le cul ! Edwin se charge des proprios. Les secours ne vont plus tarder, maintenant, et si l'on reste ici trop longtemps, ils vont l’embarquer.
- Tante Vie… Est-ce qu’elle saura…
Les larmes entravant sa gorge nouée par la vive émotion l’empêchèrent de poursuivre. Gauvain se pencha vers lui et le ton empli de chaleur, chercha à le rassurer :
- Elle est la seule qui puisse la sauver sans qu’aucune trace ne subsiste. Si on l’emmène à l’hosto, ça prendra des mois. N’oublie pas qu’il ne vous reste que très peu de temps !
Perdu, indécis, Galaan se contenta d’opiner, s’en remettant totalement à Gauvain et Julie qui prirent directement la tête des opérations.
- Je vais la porter, lança-t-il en glissant aussi délicatement que possible ses bras sous le corps abîmé et contusionné de Gen.
Les sièges arrière rabattus en couchette leur permirent d’allonger la jeune femme gémissante et de laisser Galaan s’installer à ses côtés. Gauvain s’assit derrière le volant et Julie prit place à sa droite, la mine grave et soucieuse. Une seule œillade leur suffit à exprimer l’intense soulagement qu’ils éprouvaient à l’idée d’avoir frôlé la catastrophe. Toutefois, même si Gen et Galaan s’en étaient sortis vivants, rien n’était encore gagné.
Le Toyota Land Cruiser démarra et s’éloigna à vive allure dans la nuit. En chemin, il croisa une ambulance, suivie de près d’un premier véhicule de pompiers…

***

00h36,
Telhouët, Bretagne, France

Le 4x4 freina brutalement dans l’allée et quelques secondes plus tard, les garçons sortaient du véhicule en transportant le corps inanimé de Gen à l’intérieur.
- Vite ! À l’atelier ! leur ordonna Tante Vie qui les précéda dans la pièce afin d’accueillir la blessée sur le banc de massage.
Ensuite, elle se saisit du paquet remis par Gudwal, le déballa en toute hâte et en sortit un pendule qu’elle remit aussitôt à Julie.
- Ceci est pour toi. Il est l’outil indispensable dans le processus de guérison que tu entameras avec tes patients. Il sera le prolongement de ta main, décelant ainsi avec exactitude les ondes négatives et les plaies à soigner.
Émue, Julie l’accueillit dans le creux de sa paume avec précaution et l’examina attentivement : au bout d’une chaînette en or pendait une goutte claire en cristal translucide, s'achevant en une longue pointe, et qui au contact de sa main, se mit à blanchir. De fins nuages se matérialisèrent, semblèrent flotter avant de se mettre à tournoyer sur eux-mêmes avec une rapidité déconcertante.Ce n'est qu'à l'approche du corps de Gen qu'une teinte violacée colora le cœur du pendule.
- Nul doute là-dessus : il s’agit bien de celui qui t’était destiné.
Julie releva ses prunelles affectées vers Viviane.
Merci, murmura-t-elle, les larmes coincées dans la gorge.
- Maintenant, soignons-la. Gauvain, va nous chercher une bassine d’eau chaude, s’il te plaît ! Galaan, pendant que Julie et moi établissons un premier diagnostic, tu vas la débarrasser de ses vêtements et nettoyer ses blessures. Tu iras plus vite en les découpant.
Ce dernier demeurait figé, les yeux horrifiés rivés sur sa compagne, les bras pendant le long de son corps.
Une main rassurante vint lui frotter l’épaule et la voix de Tante Vie s’insinua dans son esprit. Douce et apaisante.
- Allez… Garde l’esprit clair et objectif. Elle a besoin de toi, mon grand. À moins que tu ne préfères sortir ?
- Non. Non, se reprit-il en secouant la tête et essuyant une larme intruse du plat de sa paume comme le ferait un enfant. Je veux rester pour la soigner. Mon Dieu… Elle est si… vulnérable… acheva-t-il la voix tremblante.
- Elle est forte ! Crois-moi ! Elle semble grièvement blessée, mais son pendentif la protège d’une mort certaine.

***

Une grosse heure plus tard,
Telhouët, Bretagne, France

Au cours des soins qui avaient suivi, Gen avait été maintenue endormie par de puissants sédatifs. Julie, sous la tutelle attentive et vigilante de Tante Vie, lui avait découvert une fracture du bassin, qu’elle avait ensuite ressoudée avec précision, sous le regard éberlué de Galaan. Ce dernier s’était chargé de dévêtir entièrement sa compagne et de nettoyer les plaies et les brûlures dont elle était recouverte. Par la suite, il avait enduit chacune d’elles de cette même crème verte au haut pouvoir désinfectant et cicatrisant, appliquée quelques jours plus tôt sur son propre flanc. L’inquiétude ne l’avait pas quitté et avait guidé ses gestes minutieux et doux sur la peau meurtrie de Gen. Pourtant, bien malgré les nombreuses blessures qui la parsemaient de toute part, il ne pouvait s’empêcher de la contempler d’un œil admiratif, subjugué par tant d’harmonie. Rien de tout cela n’avait altéré sa beauté. Il la trouvait tout simplement magnifique.
- Maintenant que nous en avons terminé, débuta Tante Vie, nous allons installer Gen en haut. Recouvre-la d’un drap de bain, Galaan, et monte-la.
- Je la coucherai dans ma chambre, décréta-t-il d’emblée, la prenant et la soulevant déjà dans ses bras.
La Dame du Lac sourit. Décidément, ces deux-là devenaient inséparables.
- Combien de jours seront nécessaires à sa guérison ? demanda-t-il à Julie tandis qu’il emmenait la jeune femme à l’étage et la plaçait sur son lit.
- Il est préférable de la garder endormie jusqu’à demain pour la préserver de toute souffrance inutile. Il faudra compter deux jours pour la cicatrisation complète des brûlures et une semaine pour la fracture du bassin. Elle pourra se tenir debout dès demain et marcher après-demain, en fonction de l’évolution de la contusion. Par contre, les galipettes sont à proscrire pendant quelques jours, le temps que son bassin se remette. Je ne plaisante pas, Galaan. Tout effort pourrait compromettre une grossesse future et anéantir ses chances d’être mère un jour.
Il opina en silence, l’expression solennelle, borda son amante et lui caressa le front dans un geste tendre, étouffant sous l’assaut d’un nouvel élan d’amour face à cette femme dont il ne pouvait désormais plus se passer et pour laquelle une vive angoisse se logeait au cœur de sa poitrine.
- Laissons-la se reposer, maintenant. Tu vas m’accompagner en bas pour que je puisse te soigner.
- Me soigner, répéta-t-il machinalement, incapable de détourner son attention du corps inanimé de Gen. Ça peut attendre. Elle a besoin de moi.
- On voit que ça fait un moment que tu ne t’es pas regardé dans une glace. Tu es blessé et il faut désinfecter tout ça.
- Tout va bien, pour moi. Ne te tracasse pas. Je ne veux pas la laisser seule.
Quel têtu, celui-là !
Julie leva les yeux au ciel et poussa un profond soupir.
- Bon. Eh bien! Dans ce cas, c’est moi qui monterai avec les pansements, marmonna-t-elle en quittant la pièce.

***
- Comment va-t-elle ? tonna la grosse voix de Gauvain dans le dos de Julie tandis que celle-ci pénétrait dans l’atelier.
- Ça devrait aller. Brûlures superficielles et fracture du bassin. Compte tenu du choc de l’explosion, elle s’en tire plutôt bien !
- Ils étaient tous les deux protégés. Heureusement.
Il l’enlaça par la taille et posa son menton sur son épaule.
- Merci pour elle. Tu as été géniale… Petite Fée.
La tête reposant contre lui, elle sourit.
- Je ne pouvais pas laisser ma meilleure amie dans cet état. Et puis, je n’étais pas toute seule. Galaan nous a bien aidées. Il s’est occupé de panser toutes ses plaies. Il s’est montré très efficace.
- N’oublie pas qu’il a l’habitude de prodiguer des soins même si ça se limite à des manips de kiné.
- C’est vrai, reconnut-elle en se tournant pour lui faire face, mais il est resté particulièrement objectif alors qu’il  s’agit de sa compagne. Il a fait preuve d’un calme olympien. C’était assez incroyable ! Quelle maîtrise !
- Sa compagne, répéta-t-il pour lui-même, sans la quitter des yeux. Et nous deux, Petite Fée… Je sais que le moment est mal choisi, mais… où en sommes-nous ?
D’un doigt songeur, elle effleura ses lèvres fournies.
- Je ne sais pas, Gauvain. 
- Ce qui s’est passé hier soir… Ça signifie quelque chose, non ?
- Sans doute.
Était-ce le moment approprié pour lui livrer les sentiments qu’elle nourrissait à son égard ?
- Et toi ? Que ressens-tu exactement ? se risqua-t-elle, le cœur battant comme un tambour.
- Je te l’ai dit. Je te trouve spéciale… Je tiens à toi.
- Julie, les interrompit Tante Vie qui apparut à cet instant, nous avons épuisé les réserves de baume cicatrisant. Je dois me rendre à Avalon pour en trouver. M’accompagneras-tu ?
- Laissez-moi juste le temps de soigner Galaan.
- Très bien. Nous reviendrons en début d’après-midi. De ton côté, Gauvain, assure-toi que Gen ne manque de rien. Ne la laissez pas se réveiller trop longtemps. Elle doit dormir le plus possible. J’ai fourni à Galaan le remède qui prolongera son sommeil réparateur.

***
Assis sur une chaise face au lit sur lequel était allongée Gen, Galaan tentait de s’éclaircir les idées quant à l’évènement survenu au cours de la nuit. Que s’était-il produit, exactement ? Qu’est-ce qui avait pu causer cette explosion ? Était-ce dû à une fuite de gaz ?
La déflagration s’était produite au moment où elle avait actionné l’interrupteur pour éclairer la chambre… C’est en tout cas ce qu’il avait entraperçu, avant de se retrouver violemment projeté au sol.
Contrairement à Gen, il ne s’en sortait qu’avec quelques petites plaies sur le visage et sur les bras. L’horrible vision de son corps déchiqueté s’imposa une fois encore à lui. Le ventre noué, il se pencha vers l’avant, les coudes sur les genoux, une main se noyant dans ses cheveux. Il avait bien failli la perdre pour toujours, cette fois. Heureusement qu’ils étaient protégés.
Protégés…
Était-ce possible que cette tragédie ait été provoquée par un acte criminel ? Est-ce que Morgane avait commandité ce drame, destiné à…À quoi exactement ?
D’après Viviane, tout ce que cette sorcière escomptait, c’était de se l’approprier, lui. Or, s’il ne s’était pas éloigné d’elle, ils auraient été touchés tous les deux… À moins que quelqu’un n’ait été chargé d’autre chose…
La protection de leur médaillon les préservait de la mort, leur assurant alors une certaine invulnérabilité. Et si le but de la manœuvre était de s’emparer de leurs pendentifs, afin de les affaiblir ? Dans ce cas, cette timbrée était prête à tout, ce qui changeait considérablement la donne.
Une autre question le taraudait. Fallait-il prévenir la police ?
Pour ce qu’il en savait, celle-ci n’avait su établir de constat précis lors de l’accident ayant coûté la vie à leurs parents, quinze ans plus tôt. Était-elle de mèche avec cette femme, voire sous son influence ? Avait-elle suivi toute la procédure de façon objective et scrupuleuse ? Pouvait-il seulement accorder sa confiance aux forces de l’ordre ?
Quelques coups frappés doucement sur la porte le dévièrent de ses pensées.
- Je peux entrer ?
La tête joufflue de Gauvain passa, une lueur inquiète voilant néanmoins son regard d’ordinaire jovial et mutin.
- Viens…
Gauvain saisit une chaise et vint se poser à côté de son cousin.
- Je vois que Julie t’a transformé en géant vert. Bienvenue au club.
Galaan afficha un sourire qui n’atteignit pourtant pas ses yeux.
- Elle a soigné ce qu’elle qualifie « ma belle gueule ». Mais bon… De là à ce que j’enfile le collant assorti… Je te laisse le monopole de Shrek, mec !
- Très drôle.
- Elle est partie ?
- Ouaip. Avec Tante Vie. À Avalon.
- Avalon, soupira Galaan exténué. J’ai encore du mal à réaliser… C’est tellement déroutant.
- Comment te sens-tu ?
- J’essaye de faire le tri. L’adrénaline se dissipe. J’ai eu très peur pour elle. J’ai cru…
Sa voix se brisa à la simple idée de ce qui aurait pu advenir de sa compagne. Il avait eu si peur de la perdre.
- Mais bon… Gen va surmonter tout ça, reprit-il, le ton plus posé.
- J’en suis sûr, confirma l’autre en lui décochant une bourrade amicale à l’épaule.
- Je tenais à vous remercier tous les deux. Vous êtes intervenus si… Mais au fait !
Les sourcils froncés, Galaan s’interrompit net et se tourna vers Gauvain :
- Mais au fait... Pourquoi étiez-vous déjà présents? Ça venait de se produire !
- On nous a prévenus. Vous veniez de partir depuis… Oh… Je dirais vingt bonnes minutes, qu’un mec m’a appelé.
- Quel mec ? Qui était-ce ?
- Aucune idée. Le numéro était masqué. Il avait un accent… Genre allemand, tu vois ? Mais je ne sais rien d’autre. Impossible de le joindre pour le remercier. Du coup, j’ai essayé de te contacter, mais ton téléphone était éteint.
- Je l’avais coupé, après un appel de Valérie. Je voulais passer une soirée relax...
- Relax… Ouais, c’est une façon de voir les choses. Elle t’a encore emmerdé ?
Galaan jeta un regard désapprobateur vers Gen avant de revenir le poser sur son cousin. Il ne s’agissait pas de s’étaler sur le sujet devant elle, même endormie.
- Disons que… Je ne voulais pas être dérangé. Cette soirée était trop importante pour moi… Pour nous. Et puis, avec Gen… Je voulais passer à la vitesse supérieure sans être interrompu par qui que ce soit.
- Alors ça y est ? s’exclama l’autre d’une voix toutefois étouffée et le visage éclairé, vous avez enfin conclus ? Putain, mec ! J’ai bien cru que tu ne te déciderais jamais !
Galaan secoua la tête, un sourire bravant son expression grave.
- On dirait bien…
Sa mine s’obscurcit aussitôt et il fit part de ses réflexions à son cousin :
- Je ne pense pas que l’explosion était accidentelle.
Gauvain se carra contre le dossier de sa chaise, se croisa les bras sur le torse et fronça les sourcils.
- Je pense exactement la même chose. Morgane ?
Galaan opina.
- C’est à elle que je songeais.
- Dans ce cas, il va falloir vous montrer extrêmement prudents. Cette déjantée n’a pas l’air de reculer devant quoi que ce soit.
- Si la protection de nos pendentifs possède une telle portée, ce n’est pas pour rien.
- Dès que Julie reviendra d’Avalon, nous irons tous les trois rencontrer les proprios et les interroger par rapport à ce chauffagiste de mes deux qui est soi-disant venu réparer ce putain de chauffe-eau. J’aimerais aller lui rendre une petite visite de courtoisie.
- Et dire que les filles ont tout perdu…
- Ça les forcera à loger ici. Hors de question qu’elles posent leurs fesses ailleurs que chez nous.
Galaan lui adressa un regard complice et conspirateur.
- Tout à fait d’accord.
- Bien…
Gauvain s’étira longuement et bâilla bruyamment.
- Je vais me pieuter. La chambre du fond est libre, si tu veux.
- C’est gentil, mais je vais rester près d’elle.
- Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, c’est un lit à une place!
- Ne t’inquiète pas pour ça.
Son cousin se leva et s’avança vers la porte. Quand vint le moment de sortir, il fit volte-face et tonna de sa voix rauque et menaçante :
- Un conseil… Ne pars plus courir seul. Après ce qui est arrivé cette nuit, j’en déduis que vous êtes en perpétuel danger. Tant que cette folle furieuse ne sera pas calmée, genre après le 1er août, vous aurez intérêt à rester vigilants.
Galaan acquiesça malgré tout.
- Et venir courir avec moi… C’est envisageable ?
- Tu veux vraiment ma peau ?
- Je dois bouger, Gauv…
- Bon. Alors si c’est une question de survie… Je suppose que je pourrais faire un effort. Putain ! Aller courir, grogna-t-il en quittant la pièce. Putain de sportif ! grommela-t-il alors qu’il refermait la porte de sa chambre.

***

Au même moment,
Val sans Retour, forêt de Brocéliande, Bretagne, France

Il déchira l’épaisse brume qui dissimulait l’imposant portail en fer forgé délimitant l’entrée du domaine et avança le 4x4 Mercedes noir dans l’allée. Une fois le véhicule garé devant la demeure, il en descendit et en franchit le seuil. Il traversa tout d’abord un vaste hall aux plafonds remarquablement hauts, dépassa une première porte et gravit un majestueux escalier central desservant un palier. À l’étage, il emprunta un long couloir dont les murs lambrissés en chêne étaient ornés de nombreux tableaux d’époque. Une épaisse moquette bordeaux aux minuscules motifs de fleurs de lys dorées accueillait ses pas feutrés. Lorsqu’il aboutit enfin à une porte aux immenses battants de chêne, il frappa. Il pénétra ensuite dans une pièce spacieuse, à la décoration analogue. Au centre, se dressait un élégant bureau haut sur pieds, auquel était attablée une femme à la beauté stupéfiante.
- Bonsoir Morgane. 

A suivre...